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Recyclage du plastique : où en est-on ?

Recyclage du plastique : où en est-on ?

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100 % de plastiques recyclés en 2025, ou le rêve de campagne d’Emmanuel Macron ? Si la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (dite loi AGEC) adoptée en janvier 2020 a couché sur papier cet objectif, il semble pourtant difficile à tenir.

[Cet article a été initialement publié dans le guide IDÉES PRATIQUES #9 : Comment vivre sans plastique ?, réalisé par ID L'Info Durable.]

L’Hexagone a du retard sur ce dossier : avec un taux de recyclage de 26 % de ses déchets plastiques en 2016, le pays comptait parmi les mauvais élèves de l’Union européenne dont la moyenne générale gravitait alors autour de 40 %, d’après le rapport annuel de l’organisation PlasticsEurope. De l’autre côté du spectre, l’Allemagne recyclait ses déchets à hauteur de 50 %. À l’inverse, selon l’ADEME, la France n’est pas en reste sur d’autres matières comme le verre, recyclé à 85 % et le papier, recyclé à 70 %.

Malgré une progression de 6,8 % sur la période 2016- 2018 du taux de recyclage des plastiques, pour l’organisation européenne, l’objectif du chef de l’Etat est trop ambitieux dans ce calendrier : "Plutôt que de viser 100 % de recyclage, notre vision est bien de viser 100 % de valorisation des déchets plastiques", notait alors Hervé Millet, directeur des Affaires techniques et réglementaires Europe de l’Ouest de PlasticsEurope.

Que deviennent les déchets ?

En effet, le recyclage n’est pas le seul destin possible aux déchets plastiques. Il existe trois autres options : la valorisation énergétique citée par Hervé Millet, la mise en décharge, mais également l’exportation. Quels sorts leur sont alors réservés ?

LA VALORISATION ÉNERGÉTIQUE

Cette voie est largement utilisée en France, qui compte parmi les pays européens les plus adeptes de cette méthode. 43 % des plastiques du pays, s’ils ne sont pas recyclés, ne finissent pas non plus à la décharge. Ce procédé consiste à les incinérer pour produire de l’énergie : on l’utilise notamment pour les produits aux matières complexes, mélangées et donc, difficilement traitables par la voie du recyclage. Mais, "la valorisation énergétique pose problème car il s’agit finalement de brûler une énergie fossile pour produire de l’énergie. Ce type de valorisation émet des gaz à effet de serre et ne règle pas le problème de la consommation des ressources", estimait en 2018 Laura Châtel, alors responsable du plaidoyer auprès de l’association Zero Waste France.

LA MISE EN DÉCHARGE

32 % des plastiques collectés dans le pays sont mis en décharge, selon le dernier Rapport sur l’Etat de l’Environnement (REE). Concrètement, il s’agit alors d’enfouir les déchets non dangereux "dans un grand trou de plusieurs hectares, creusé à même le sol (en général argileux), équipé de systèmes de drainages et de bâches afin d’éviter les fuites", détaille toujours l’association. La France compte 220 décharges sur son territoire. Problème pour Zero Waste France : ce mode de traitement "participe à l’artificialisation des sols (…) et rejette en outre des effluents polluants tels que les lixiviats, eaux de percolation chargées en polluants". Des émissions de méthane, puissant gaz à effet de serre, émanent également des décharges.

L’EXPORTATION

Cette option a connu quelques récentes restrictions. Jusqu’en 2018, la France - comme ses voisins européens - envoyait une part de ses déchets qu’elle ne savait pas recycler à l’autre bout du monde, notamment dans des pays d’Asie. Mais depuis le 1er janvier 2021, les pays de l’Union ne peuvent plus exporter leurs poubelles à l’extérieur de l’OCDE, selon une réglementation adoptée en 2020 par la Commission européenne. Difficilement quantifiable, ce type de pratique connaît également un commerce illégal.

LE RECYCLAGE

Généralement, on collecte, on broie, on lave, et on sépare les composants pour recréer une nouvelle matière plastique. De ce côté-là, il existe plusieurs méthodes : le recyclage dit "primaire" consiste à recréer un produit similaire au déchet. C’est notamment le cas des bouteilles conçues en PET - matière la mieux re- cyclée, tout plastique confondu. Le "secondaire" - le plus courant -, lui, transforme la matière en granulés qui sera destinée à une application différente.

Ces deux premières catégories, qui relèvent du "recyclage mécanique", nécessitent des collectes rigoureuses et précises selon les différents types de plastique, puisqu’elles sont applicables seulement aux déchets les moins "complexes". Difficile, compte tenu du fait que les produits sont très souvent composés de plusieurs plastiques mélangés. Enfin, le recyclage "tertiaire" vient au secours des matières plus difficiles. On parle d’un recyclage chimique au cours duquel les déchets sont convertis en liquide ou en gaz. Ils deviennent ainsi du kérosène, du gasoil ou encore des engrais ou des insecticides...

Qu'est-ce qui bloque ?

Premier point de tension : tous les plastiques ne sont simplement pas recyclables. D’après le chercheur Jean-François Ghiglione, "il est très difficile de recycler les plastiques en raison des matières trop complexes, notamment les polyéthylènes utilisés pour rendre le plastique brillant".

Car en effet les plastiques, produits à partir de plusieurs molécules mélangées, ne connaissent pas vraiment de "recette" universelle. Les plasturgistes adaptent leurs formules selon les besoins des clients, rendant ainsi les différentes compositions des produits mis sur le marché très disparates. Difficile donc de centraliser la filière de recyclage. Selon l’ADEME, seuls les emballages – avec le tri sélectif -, les équipements électriques et électroniques, le mobilier, les matelas et les plastiques agricoles sont concernés aujourd’hui par une filière de collecte dédiée.

Enfin, le plastique se dégrade à chaque phase de recyclage. Contrairement au verre, son cycle de vie n’est donc pas infini.

Quelles solutions ?

Il existe donc un problème à la source, mais également à la fin de vie. On pourrait considérer d’une part que les industriels devraient faire des efforts pour harmoniser les formules qui composent les différents plastiques, et de l’autre, améliorer les techniques de recyclage. Mais pour l’association Zero Waste France, le problème est ailleurs. "Le recyclage reste un sujet important, mais il vient après la réduction à la source. Les volumes de déchets sont aujourd’hui trop importants pour tout miser là-dessus, il faut avancer sur le développement d’alternatives, les restrictions sur les emballages...", estime Théo Céraline, membre de l’équipe plaidoyer.

"Réduire à la source" implique sans doute des changements d’habitudes et des évolutions dans les comportements communs : limiter ses déchets, trier mieux... Certaines communes, à l’image de la capitale, ont trouvé une solution pour ça : simplifier les consignes de tri pour les particuliers. Tous les déchets dans la même poubelle, aux organismes de collecte ensuite de trier les recyclables des non recyclables.

Cadres réglementaires, où en est-on ?

Pour Jean-François Ghiglione, on pourrait d’ores et déjà arrêter les frais en agissant auprès "des trois acteurs principaux de l’économie" : les industriels, "qui doivent trouver des alternatives aux emballages plastiques et s’adapter aux réglementations" ; les consommateurs, "qui doivent limiter les achats emballés, représentant 40 % de la production mondiale de plastique ; le recyclage, qui est encore trop insuffisant".

Cependant, le chercheur estime que le débat ne se situe pas au niveau du plastique au sens très large du terme, lequel dispose de nombreux avantages : "Ce que l’on voit sur le terrain, c’est qu’il faut travailler sur les plastiques d’emballage, qui ne sont utilisés que quelques minutes. C’est là où l’on s’est trompés".

Réduire le plastique à usage unique ? Les gouvernements abondent en ce sens. En France, l’échéance est fixée à 2040 par la même loi AGEC, avec d’ici-là, plusieurs mesures qui entrent progressivement en application. Le décret des "3R" - pour Réduire, Réutiliser et Recycler -, fixe également un certain nombre de restrictions.

Si les sacs plastiques ont été évincés des caisses dès 2017, plus récemment, la France a dit adieu aux gobelets, aux coton-tiges, aux assiettes jetables... Et malgré un regain du matériau à tout faire en 2020 sous l’effet crise sanitaire, 2021 a également marquée la fin des couverts, des pailles, ou encore des confettis dans les rayons de supermarchés.

Et cette nouvelle année, les emballages de fruits et légumes, les sachets de thé, ou encore les classiques jouets que l’on trouve dans les Happy Meal seront à leur tour concernés.

Et ailleurs ?

La France emboîte le pas à l’ensemble de l’Union européenne. En 2019, le Parlement a adopté la fin des couverts, pailles, touillettes et cotons-tiges dans tous les pays membres dès 2021. Dans ce même texte, un objectif de 90 % de collecte des bouteilles en plastique d’ici 2029 a également été fixé, ainsi qu’une application renforcée du principe de "pollueur payeur". Partout autour du monde, on chasse le plastique depuis plusieurs décennies.

Sur le Vieux Continent, la Belgique a été le premier pays à s’affranchir des sacs plastiques en caisse dès 2007. Le Bangladesh, lui, a été le premier au monde en la matière dès 2002, suivi par de nombreux pays d’Asie les années suivantes : la Chine, l’Inde... Puis l’Afrique : Afrique du Sud, Rwanda, Tanzanie... Enfin, la décennie suivante a marqué une généralisation de ce type de mesures : interdiction des sacs, mais aussi de certaines vaisselles jetables, mise en place de taxes, etc. Désormais, presque plus aucun Etat n’y échappe.

Fin du plastique à usage unique : la France se donne 20 ans pour arrêter les frais

Le pays entend mettre fin aux emballages en plastique à usage unique d’ici 2040 donc, tel qu’édicté par la loi anti-gaspillage. D’ici là, une feuille de route trace jusqu’en 2028 les différentes échéances d’interdictions.

2022

  • Fin des emballages en plastique de fruits et légumes de moins d’1,5 kg ;

  • fin des sachets de thé et tisane en plastique ;

  • fin des jouets en plastique distribués par la restauration rapide ;

  • obligation d’équiper les établissements recevant du public de fontaines à eau...

2023

  • Fin de toute la vaisselle jetable dans les fastfoods pour les repas servis sur place...

2024

  • Interdiction des microplastiques dans les dispositifs médicaux à la vente...

2025

  • Équipement d’un filtre à microfibres plastiques pour toutes les machines à laver neuves...

2026

  • Interdiction des microplastiques dans les produits cosmétiques...

=> Revenir au sommaire du guide Comment vivre presque sans plastique ?

=> Lire le guide Se mettre (vraiment) au zéro déchet: mode d’emploi

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