Pourquoi acheter des vêtements de seconde main ?
Pourquoi acheter des vêtements de seconde main ?
Il y a tout un tas de bonnes raisons de se tourner vers la seconde main. De plus en plus de consommatrices et consommateurs ont sauté le pas. Dans une étude de l’IFM-Première Vision, 38,7% des personnes interrogées répondent avoir acheté des vêtements de seconde main en 2019 (contre 15% en 2009). Le vintage s’empare donc d’un public de plus en plus large. La même année, les achats textiles de seconde main ont d'ailleurs pesé plus d'1,2 milliards d'euros en France, d'après les données de Kantar (Panel Worldpanel).
Comment expliquer un tel engouement ? "Cette fascination n’est pas qu’esthétique ou simplement nostalgique. Elle cache une philosophie de vie guidée par le désir de sortir de la frénésie contemporaine, de consommer moins et mieux, et de contribuer ainsi à respecter la planète. Loin d’être réactionnaire, ce mouvement dessine une manière joyeuse et hédoniste de s’engager. Et, pourquoi pas, de changer le monde", écrivent Nathalie Dolivo et Katell Pouliquen, dans leur livre Rétro-Cool. Comment le vintage peut sauver le monde.
S'il vous manque encore des bonnes raisons pour vous lancer dans la seconde main, en voici quatre :
1. C’est plus écologique
L’industrie textile est l’une des industries les plus polluantes au monde. Elle émet 1,2 milliards de tonnes de gaz à effet de serre chaque année, soit davantage que le transport maritime et aérien international réunis. Produire des vêtements neufs, c’est utiliser des matières premières, comme le coton qui nécessite beaucoup d’eau et de pesticides. C’est utiliser les ressources de notre planète, ce qui participe grandement au réchauffement climatique.
L’industrie textile, c’est aussi beaucoup de gaspillage. En Europe par exemple, on se débarrasse chaque année de 4 millions de tonnes de textiles, "dont 80% sont jetés dans la poubelle pour les ordures ménagères et finissent par être tout simplement enfouis ou incinérés", selon l’Ademe.
En achetant des vêtements déjà fabriqués, on ne participe pas à ces dérives et on consomme ce qui a déjà été produit. Selon la Fondation Ellen McArthur, si on multipliait par deux la durée d’usage d’un vêtement, en lui donnant une seconde vie par exemple, les émissions de gaz à effet de serre seraient réduites de 44 %. "Porter un vêtement trois mois de plus réduit de 10% son empreinte carbone, soit son impact sur le dérèglement climatique", rappelle également Majdouline Sbai dans son livre Toujours moins cher mais à quel prix ? Huit solutions pour une mode éthique. On comprend mieux pourquoi la seconde main est plus écologique.
2. C’est plus éthique
La pollution n’est pas le seul problème de l’industrie textile. Les mauvaises conditions de travail constituent également une dérive également très courante dans la mode. On se souvient de l’effondrement du Rana Plaza - un immeuble qui abritait des ateliers de confection au Bangladesh - le 24 avril 2013, qui avait fait près de 1200 morts. D'autres drames humains ont depuis frappé l'industrie du textile, comme l'inondation meurtrière d'un atelier, en février 2021 au Maroc.
En ce qui concerne les salaires des ouvrières et ouvriers, au Cambodge par exemple, une ouvrière travaille six jours sur sept, douze heures par jour, sans congés payés, pour 100 euros par mois après des années d’expérience. L’organisation Fair Wear Foundation, qui a décomposé le coût d’un t-shirt fabriqué au Bangladesh estime que 0,6% du coût global du vêtement revient à la main d’œuvre.
Pour toutes ces raisons, il vaut mieux se tourner vers des vêtements de seconde main, déjà produits, à dénicher en ligne ou en friperie.
3. C’est plus économique
On l’a dit, l’industrie textile pollue et exploite des ouvrières et ouvriers. Mais des marques plus responsables tentent désormais de produire plus consciemment et en limitant leur impact écologique et social. Ces marques éthiques ne sont pas toutes accessibles, parce qu’acheter des matières premières moins polluantes et plus innovantes et payer correctement les ouvrières et ouvriers coûte plus cher. Et c’est normal, car un vêtement neuf ne devrait pas coûter quelques euros, quand on sait que plusieurs personnes ont travaillé à sa fabrication (de l’agriculteur ou l’agricultrice qui a récolté la matière première, à la personne qui le conditionne pour l’envoyer en passant par celles et ceux qui l’ont confectionné).
Ces prix plus élevés se ressentent forcément sur l’ardoise finale pour les consommateurs et consommatrices. Alors si vous n’avez pas le porte-monnaie pour vous acheter des vêtements neufs responsables, mais que vous ne souhaitez pas acheter de la fast-fashion pour ne pas contribuer aux problèmes de la mode, vous pouvez vous tourner vers la seconde main. Cette option permet de combiner éthique et petits prix !
4. C’est plus original et plus qualitatif
S’habiller en seconde main c’est aussi être unique, c’est refuser de porter les mêmes tenues que tout le monde et c’est dire non à la standardisation imposée par la fast-fashion. Car qui n’a jamais vu sa robe portée par une autre invitée au mariage de sa meilleure amie ? La sensation est plutôt désagréable. Mais avec la seconde main, ce genre de déconvenue est très rare (voire n’arrive jamais). "Cette chasse au trésor mode a aussi l'avantage de nous faire apprécier la qualité d'avant, quand on misait sur l'artisanat et qu'on préférait investir dans une belle pièce plus rarement que de posséder tout de suite des tonnes de vêtements mal conçus", complète Terra Femina.
Effectivement, les vêtements de nos parents et grands-parents avaient l’avantage d’être, pour une grande majorité, de très grande qualité, car conçus avant l’ère de la fast fashion. Alors, la prochaine fois que vous vous rendez à un mariage, n’hésitez pas à aller chiner dans l’armoire de votre maman, papa, oncle, tante, grand-mère ou grand-père pour dénicher une perle rare de qualité !