Comment s’y retrouver dans la jungle des labels de cosmétique durable ?
Comment s’y retrouver dans la jungle des labels de cosmétique durable ?
Les labels bio
Le label COSMOS
Les plus visibles sur le marché de la cosmétique en France sont le verdoyant Cosmébio et le rouge Ecocert. Depuis 2017, ils se sont réunis, avec plusieurs autres membres, autour d’un cahier des charges commun, COSMOS, afin d’harmoniser les référentiels de la cosmétique bio au sein de l’Union Européenne et avec l’ambition de diffuser les bonnes pratiques au niveau international.
Le label COSMOS ORGANIC valorise les produits qui répondent à ces caractéristiques :
Sur le total du produit, limitation de l'origine pétrochimique (liste d'ingrédients autorisés avec dosage maximal), ce qui revient in fine à environ 95% minimum d'ingrédients d'origine naturelle.
95% d’ingrédients certifiés bio pour les ingrédients pouvant être certifié (végétaux, cire d'abeille, lait...).
20% d'ingrédients bio sur la totalité des ingrédients utilisés (10% pour les produits à rincer).
Lors de l’audit annuel de surveillance, le fabricant doit pouvoir justifier le choix de son emballage, qui doit être recyclable, si possible recyclé, et le plus minimaliste possible. L’industriel ou l’artisan doit également mettre en œuvre les bonnes pratiques inspirées de la norme ISO 14000 en matière de management environnemental.
Le label COSMOS ORGANIC n’utilise comme conservateurs que les substances de la famille des acides et des alcools (acide benzoïque, acide salicylique, alcool benzylique…). Les tensioactifs utilisés doivent être d’origine végétale et biodégradables.
L’huile de palme est autorisée comme huile végétale à condition d’être certifiée durable (CSPO - Certified Sustainable Palm Oil). Pour les crèmes solaires, les filtres UV, d’origine minérale (oxyde de zinc et dioxyde de titane) sont les seuls acceptés, sans être à l’état de nanoparticules. Certains sels d’aluminium peuvent également entrer dans la composition des antitranspirants et déodorants. Enfin, les produits d’origine animale comme la cire d’abeille, le miel, la gelée royale et les laits animaux peuvent entrer dans la composition des produits. Le label COSMOS ORGANIC n’est donc pas vegan.
À noter, le cahier des charges COSMOS est utilisé depuis le premier janvier 2017 pour labelliser les nouveaux produits. Mais on peut encore croiser le label simple Cosmébio, correspondant au premier cahier des charges de l'association. De plus, COSMOS ORGANIC cohabite avec un autre logo, COSMOS NATURAL : il signifie que le produit est naturel au sens du cahier des charges COSMOS (mais pas bio !), avec in fine environ 95% d'ingrédients d'origine naturelle.
Le label Nature & Progrès
Il appartient à l’association militante du même nom, créée en 1964 en faveur de l’agroécologie. Elle est constituée d'agriculteurs-producteurs et consommateurs. Moins présent mais plus exigeant, le label Nature & Progrès requiert l’usage quasi-exclusif de matières premières d'origine végétale et préalablement certifiées Nature & Progrès ou, à défaut, Agriculture Biologique (AB). Il est tellement exigeant qu’il est rare de le trouver sur les cosmétiques, notamment sur les cosmétiques fluides, car l’eau est un composant minéral et ne peut à ce titre être certifiée Agriculture Biologique.
Parmi les ingrédients d'origine minérale, seule l’argile peut être utilisée à condition qu’elle soit certifiée Nature & Progrès au préalable. Une tolérance est acceptée pour les filtres UV, d’origine minérale, des crèmes solaires : dioxyde de titane et oxyde de zinc, pour la simple raison qu’il n’y a pas d’alternative plus vertueuse.
Tous les ingrédients de synthèse sont interdits (dont ceux issus de la pétrochimie). L’emploi de l’huile de palme est strictement interdit. Les alcools et les acides utilisés comme conservateurs sont d’origine végétale et certifiés au préalable Nature & Progrès ou AB.
Bien que plus contraignant que le label COSMOS, Nature & Progrès n’est pas non plus un label vegan. Les produits d’origine animale sont acceptés (cire d’abeille, miel, laits…) à condition, toujours, d'être certifiés Nature & Progrès ou AB en amont.
Enfin chaque fabricant est audité à minima une fois par an et des visites inopinées peuvent venir s’ajouter. Il doit s’engager dans une démarche environnementale et il doit pouvoir justifier sa gestion de l'énergie, le traitement de ses déchets et de ses effluents.
Les labels s'intéressant au bien-être animal
Le label Vegan
Ce label a été fondé par la Vegan Society, un organisme privé anglais. Depuis les années 1990, il certifie que les produits ne contiennent aucun ingrédient d’origine animale. Sont donc exclus : le miel et ses dérivés (cire d’abeille, gelée royale), ainsi que tous les laits (ânesse, brebis, chèvre…).
Le label Animal test-free
Créé par l’association PETA, ce label garantit que la marque dans sa totalité n’effectue pas de tests sur les animaux, pour ses ingrédients, formulations ou produits finis.
Comme le rappelle l'ONG, les tests sur les animaux sont interdits pour les cosmétiques commercialisés dans l'Union européenne, "excepté si les ingrédients sont soumis à la loi REACH et entrent donc dans le développement d'autres types de produits". Légalement, des ingrédients entrant dans la composition de cosmétiques peuvent donc avoir été testés sur des animaux.
Ce label existe dans une version plus complète, agrémenté de la mention "Vegan".
Slow Cosmétique, une mention à part valorisant une démarche globale
Enfin, voici Slow Cosmétique. Le logo a fait son apparition en 2013 : c’est à la fois une marque déposée et le nom de l’association qui la gère.
Ce n’est pas un label, Slow Cosmétique fonctionne plutôt comme le guide Michelin, en sélectionnant chaque année des marques de cosmétiques qui démontrent une cohérence entre les produits proposés et leur manière de communiquer. Fini le greenwashing, la mention Slow Cosmétique vise des produits et un marketing raisonnables !
En pratique, la mention Slow Cosmétique se veut écologique, saine, intelligente et raisonnable :
Des labels, des limites
Même si deux des labels fondateurs de la cosmétique bio se sont ralliés autour d’un même référentiel, la tendance reste la multiplication des labels ou des marques pour combler les faiblesses des uns et des autres. Par exemple, la cosmétique bio n’exclut pas les produits d'origine animale, le label Vegan permet donc d’apporter une réponse. Le label COSMOS autorise l’huile de palme certifiée durable... Or cette huile végétale est au cœur des débats. Même les ONG de défense de l’environnement ne sont pas unanimes sur la question. Pour certains, l’huile de palme ne peut être durable, pour d'autres, ce serait pire de la remplacer par d'autres huiles végétales au rendement très inférieur.
Alors un troisième mouvement s’observe : les marques responsables qui choisissent la transparence, en mettant en avant la composition détaillée de leurs produits, sans pour autant chercher à obtenir un label. Bien que cette démarche soit vertueuse, le label a toujours l'avantage indéniable d’être vérifié par un organisme tiers indépendant, pour mesurer objectivement les engagements d'une marque.